Copyright © Les éditions du Moto Club Des PotesJe m'en souviendrai sûrement au dernier moment - Copyright © Moto Club Des Potes
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Mon enfance et mes origines


Dans "Potarement", j'avais placé mon enfance en Bretagne et abordé un peu mes origines corses.

Origines qui me valurent longtemps dans le milieu le surnom "du Corse" en plus de celui du "Taz". Il y avait aussi pas mal de monde qui m'appelait "Pascal" du fait de mon nom de famille "Pasqualaggi". En effet, la prononciation de mon nom de famille donne au niveau sonore "Pascal-Adgi", d'ou la confusion.

Mais revenons à mon enfance et à mon village de Corte, situé pratiquement au centre de la Corse et entouré de montagnes.

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Ces trois images de mon village représentent mes trois souvenirs les plus importants le concernant.

- La première est celle du point de vue face à la citadelle qui me servait de refuge quand j'avais de la peine et de la douleur. Combien de fois j'ai imaginé sauter de cet endroit pour que mes souffrances s'arrêtent là ....

- La seconde montre la rivière ou j'aimais me rafraîchir les jours de beau temps et quand je faisais l'école buissonnière. C'est au bord de cette rivière que se trouve le camping de Balir où j'ai connu SHAWO et sa bande, et où j'ai vu pour la première fois Kate, tout un symbole…

- La troisième est la citadelle de Corte qui siège là depuis 1420. Elle fut construite par Vincent Vincentello d'Istria.

Alors pourquoi dans Potarement avoir transposé mon enfance de la Corse à la Bretagne, ma deuxième terre d'adoption ? Déjà parce que pour l'histoire en elle-même le lieu ne faisait pas de grande différence. Deuxièmement, ce qui suit vous éclairera sûrement un peu plus.

Faisons un petit historique de mon village. Sa situation au confluent du Tavignano et de la Restonica et son positionnement au centre de l'île sur la route de Bastia à Ajaccio fit naturellement de lui à cette époque une cité fortifiée.

Détenue par la puissance génoise, la ville se rallia en 1553 à la France. Mais, en 1559, le traité de Cateau-Cambrésis restitua l'île et Corte à Gênes. Plus tard, au XVIIIe siècle, Pasquale Paoli en fit la capitale de son "Gouvernement pour la Nation Corse" en opposition aux rois de France. Durant cette période, se créa sa première université, fermée en 1769. Ce n'est pas un hasard si aujourd'hui la seule université en Corse se trouve à Corte.

Quelle belle transition pour parler de mes origines corses, car en dehors du club je me suis aussi investi dans une association corse "Les amies de Cyrnea", où nous sommes paolistes pour la plupart et avons un regard triste sur les événements qui durent depuis des lustres.

Mais continuons sur l'histoire de Pasquale Paoli, qui s'opposa à l'autorité des génois et les chassa avec l'aide du peuple de l'île. Cela lui permis la mise en œuvre d'un plan réfléchi de modernisation de l'île en lui donnant une constitution (constitution corse) dont pas mal de points ont été repris dans la Déclaration des Droits de l'Homme. Il accorde le droit de vote à tous les citoyens, dont les femmes (veuves ou célibataires). La Corse fut sous l'égide de Paoli le premier état démocratique dans l'Europe des Lumières, ce qui suscita l'admiration de philosophes comme Rousseau et Voltaire. Quant à l'université fondée à Corte, elle restait dominée par le catholicisme de part les matières étudiées et ses nombreux professeurs ecclésiastiques.

Malheureusement, Louis XV qui pour des raisons stratégiques désirait s'implanter en Méditerranée, trouva l'opportunité politique de s'emparer de la Corse lorsque la République de Gênes, chassée de Corse et criblée de dettes, vint chercher de l'aide auprès du roi de France. Aux termes du traité de Versailles, signé le 15 mai 1768, la France prêta deux millions de livres à Gênes qui donna en garantie la Corse qu'elle ne possédait plus.

Suite à la mainmise faite sur la Corse, Paoli quitta celle-ci avec 500 ou 600 de ses partisans, à destination de la Grande-Bretagne. Son combat est en effet devenu célèbre à travers l'Europe grâce au récit de voyage du Britannique James Boswell, Account of Corsica. Après un exil de vingt ans et loin d'être opposé à la France, il se rallie à la Révolution française, libératrice du peuple et créatrice de la démocratie. Il est accueilli en particulier par Lafayette. Paoli est rappelé en 1790, dans sa patrie, et son voyage de Paris en Corse fut une véritable marche triomphale. Il est reçu le 22 avril 1790 par l'Assemblée Nationale puis, le 26, par le club des Jacobins, alors présidé par Robespierre, qui l'admet à l'unanimité en son sein. Louis XVI le nomme alors lieutenant-général et commandant de l'île. Il débarque le 14 juillet 1790 à Macinaggio pour son retour en Corse, où il est accueilli triomphalement par la population.

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Lors de nos repas, le dialogue est toujours le même, à savoir comment une île aussi belle et avec un passé aussi riche en est arrivée là, à cette violence des fois totalement aveugle et incompréhensible.

J'ai souvent cherché des réponses à cette question et j'en suis arrivé à une réponse assez triste en soi. Aujourd'hui les pseudos autonomistes oeuvrent tout simplement plus par recherche de profit personnel que toute autre chose. Il existe bien parmi eux des mouvements aujourd'hui constitués en parti politique qui ont des actions louables, mais pour d'autres je me pose la question. Car pour défigurer mon île et lui donner cette image de violence, sont-ils simplement corses ?

Ils représentent une minorité qui, à l'inverse des bandits d'honneur, usent de méthodes totalement indignes de l'hospitalité légendaire de la Corse.

J'ai été touché au sein de ma pseudo-famille par mon frère qui a défrayé les chroniques judiciaires et journalistiques. Journalistes qui d'ailleurs ne sont pas en reste sur la Corse, et sont toujours là pour manipuler et amplifier tel ou tel événement, histoire d'avoir encore plus d'audimat.

Mais revenons à mon frère. Il eu une adolescence en région parisienne et est arrivé en Corse vers l'âge de 17 ans. Aujourd'hui, il serait à la tête d'un des mouvements les plus radicaux de l'île d'après les médias. Tout simplement la grenouille que l'on veut faire passer pour un boeuf. Mais question : comment un enfant qui a eu une vie loin de cette île a pu en arriver là ?

Parlons-en ! Ma famille existe-t-elle encore dans ma vie ? Et bien NON ! N'ayant jamais existé dans la leur, il faut dire que tout pour eux a été un bon prétexte pour se justifier de leur attitude à mon encontre : ma vision de la Corse, que je considère comme une région française et non comme un pays, le fait d'avoir choisi l'administration un jour dans ma vie et d'être motard (ce dernier point m'a d'ailleurs toujours fait halluciner en tant que reproche). Tout ceci exprimé aujourd'hui envers un adulte pourrait se comprendre (et encore ce serait tiré par les cheveux…), mais quand j'étais enfant, à part ma vision de la Corse et le fait que je porte le prénom de Bruno, quelle était donc leur justification ?

Une question bien complexe à laquelle même moi je ne peux répondre, mais la souffrance des coups que j'ai subi et toutes les autres bassesses des parents à l'encontre d'un enfant ne me font plus chercher de réponses depuis bien longtemps, les souvenirs me suffisent pour en donner une.
Parlons de la Corse et laissons là ces personnes qui de part le seul fait de se rendre à l'église tous les dimanches se dédouanent de leurs actes et ne se remettent jamais en question.

La Corse, c'est avant tout des paysages, c'est une île méconnue qui recèle des vestiges archéologiques extraordinaires, une faune et une flore qui vous laisse des souvenirs indélébiles. Ce sont des chants qui traversent les âges et vous transportent loin dans vos rêves. Parmi les chanteurs corses connus il y a le groupe "I Muvrini" créé fin des années 1970 et composé d'Alain et Jean François Bernardini, deux frères que j'ai eu l'occasion de rencontrer et de fréquenter par l'intermédiaire des amis de Cyrnea.

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Voici ou j'ai passé mon enfance et où sont mes racines, le parallèle entre la Corse et la Bretagne est assez simple : les bretons ont une région qui me rappelle la Corse dans la chaleur humaine de l'accueil et dans les paysages, et on dit d'ailleurs que les Bretons sont aussi têtus que les corses ! Je vous laisse juge de la chose...

Comment exprimer autrement ce qui m'unit et me désunit de mon île ?

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